Le prophète mondial Thomas Berry, dans son livre Le Rêve de la Terre, a dit : « Nous ne pourrons jamais accomplir seuls tout ce qu'il est possible de faire ensemble. » Comme c’est vrai ! Nous, les femmes, formons un cercle complet avec le pouvoir de créer, de nourrir et de transformer. Nous sommes fortes, confiantes, intelligentes et avons un cœur compatissant. Merveilleuses, exceptionnelles, admirables, adorables sont des adjectifs souvent utilisés pour nous qualifier. Ce qui nous manque, c'est la capacité d’accélérer collectivement l'action, qui est le thème de la Journée internationale des femmes 2025 pour l'égalité des sexes.
Les femmes autonomisées peuvent autonomiser le monde, car l'égalité ne connaît pas de genre, et chaque femme a le droit au progrès et le cœur pour l’atteindre. Nous avons le potentiel de briser les barrières, de construire des ponts, d’inspirer, de diriger et d’autonomiser les autres. Nous continuons d’avancer et ne renonçons jamais. Avec nos divers talents et dons, nous sommes comme un arc-en-ciel uni à nos nombreux engagements. Les couleurs de la Journée internationale des femmes 2025 sont dans notre sang : le violet symbolise la justice, la dignité et la loyauté envers la cause ; le vert, l’espoir ; et le blanc, la pureté. Nous voulons accélérer le progrès et veiller à ce qu’aucune femme ne soit laissée pour compte, en particulier dans la reprise post-pandémie.
C’est notre devoir d’exiger que nos dirigeants agissent et investissent dans la promotion des droits des femmes et de l’égalité des sexes. C’est notre responsabilité d’impliquer les médias, les chefs d’entreprise, les gouvernements, les leaders communautaires, la société civile et la jeunesse pour qu’ils agissent où que nous soyons. Nous ne pouvons pas permettre que les barrières systémiques et les préjugés entravent la prochaine génération, en particulier les jeunes femmes et les adolescentes.
Malheureusement, en Inde, les taux d'alphabétisation des femmes sont nettement inférieurs à ceux des hommes, car 68 % des enfants abandonnant l'école sont des filles. Selon le recensement de 2021, l'alphabétisation féminine est de 70,30 %, contre 84,70 % pour les hommes. Le statut inférieur des filles est profondément ancré dans la conscience et la psychologie indiennes. Du fœticide féminin, elles sont considérées comme la fille, l’épouse ou la mère de quelqu’un, maltraitées si elles donnent naissance à une fille, et encore plus si elles sont sans enfant ou veuves. Elles sont même perçues comme un fardeau, car elles appartiendront en fin de compte à la famille de leur mari.
L'éducation est la clé pour accéder à d'autres opportunités et crée un effet d’entraînement au sein de la famille, de la communauté et à travers les générations. Du point de vue de la politique indienne, il existe des programmes solides comme le droit à l’éducation et le repas scolaire de midi. Pour atteindre l’inclusion de genre, l’éducation des filles est gratuite jusqu’au collège. Cependant, créer un environnement favorable et des mécanismes efficaces pour mettre en œuvre ces politiques est un défi majeur en Inde.
La pauvreté est l'un des principaux facteurs qui privent les filles de l'accès à l'éducation. Elles sont souvent considérées comme une source de main-d'œuvre gratuite pour effectuer les tâches domestiques et s’occuper de leurs jeunes frères et sœurs. La traite des êtres humains et la corruption ont conduit à ce que des filles soient victimes de chantage, trompées et exploitées par des trafiquants. Certaines sont même vendues par leurs propres proches dans la pauvreté. L'insécurité et le manque de protection sont également des facteurs majeurs expliquant l’abandon scolaire des filles, qui sont souvent mariées avant la puberté.
« Je suis venu pour qu’ils aient la vie et qu’ils l’aient en abondance. » - Jn 10:10. Chaque fois qu’une femme n’a pas la possibilité de s’épanouir pleinement, qu’elle est réprimée et privée d’éducation, nous manquons de respect à Dieu, qui nous a créés à son image et qui veut que nous ayons la vie en plénitude. Nous devons faire de cela une réalité en osant éduquer les filles. À tout le moins, des programmes d’alphabétisation fonctionnelle doivent être mis en place dans tous les villages. Des sessions visant à développer le potentiel des femmes, ainsi que des groupes d'entraide et des systèmes de microfinance, renforceront leur confiance et contribueront grandement à la promotion de l'égalité des sexes. Les efforts désintéressés de l'Église pour rendre l'éducation de qualité et les hébergements accessibles aux étudiants, même dans les régions les plus reculées et défavorisées de l'Inde, sont vraiment louables. Nous devons créer une attitude et un environnement positifs dans notre société pour accueillir l’équité entre les genres. Une fille instruite aura le pouvoir et le potentiel de transformer la société. Nous avons encore un long chemin à parcourir pour instaurer le règne de Dieu et œuvrer à la réalisation de Sa promesse pour tous. Unissons-nous, avec nos esprits et nos dons divers et précieux, pour faire de l'égalité des sexes, qui est essentielle au développement et à la paix de chaque nation, une RÉALITÉ.
Dr (Sœur) Mudita Menona Sodder RSCJ
24 février 2025
Campus Sophia, Mumbai 400026