Au sein de l’équipe JPIC il nous a semblé important cette année de vivre la semaine Sainte en communion particulière avec les personnes en migration…
En effet, l’exil, quel qu’en soient les motifs fait vivre aujourd’hui à plus de 100 millions de personnes une véritable Pâque, une traversée, un passage par des frontières meurtrières. Et à y regarder de plus près, c’est toute la vie d’un migrant qui entre en résonnance avec le mystère pascal.
Entre les deux cris de l’agonie et celui de la joie de la Résurrection, un double mouvement s’impose à nous : les rejoindre par toutes les formes d’hospitalité possibles (du cœur et du quotidien) et apprendre d’eux.
C'est une bénédiction pour nous d'être auprès des personnes qui souffrent « Dorota Stoklosa rscj, provinciale de Pologne » lors du zoom sur la guerre en Ukraine (3/4/22)
Seigneur, aidez-vous à faire notre leur douleur.
Images: Wikimedia Commons
La Pâque des personnes en migration
« Lorsque son heure était arrivée » … A un moment décisif, partir … Plonger dans l’exode …
« Nous avons longtemps hésité et à un moment ca n’était plus possible » (1 famille persécutée au Bangladesh) « il a fallu fuir très vite » (T. mariée, 3 enfants en bas âges, fuyant la Syrie)
La sentence tombe … intraitable. « L’attaque contre nous n'était qu'une question de temps. Croyez ceux qui disent, "je veux vous tuer". Et pourtant il est impossible d'être prêt pour cela ». (Natalia, Kiev)
Se livrer aux mains des passeurs et s’enfoncer dans l’obscurité de l’itinéraire migratoire … Et décider librement de donner sa vie à l’espérance « ma vie nul de la prend », même si l’hostilité fait rage.
Mourir à un quotidien familier (des repères culturels, des saveurs, des lieux, une condition sociale) et quitter des relations avec des êtres aimés …
Sur la croix, « Ici, c'est l'enfer. Bombardements constants » (Lyudmila, Mariupol, Ukraine). « aimer jusqu’à l’extrême ». Nombre de témoignages nous sont offerts sur les gestes de solidarité qui peuvent exister dans des situations extrêmes ou sur le désir toujours intact d’apporter quelque chose de soi aux autres : « donner la beauté de chaque jour aux autres » nous dit Naïma.
« Mon père, pourquoi m’as-tu abandonné» ? Cette phrase a retenti dans la bouche de la fille de Léona, lorsque sa famille venait de quitter brutalement leur pays : « Pourquoi Dieu a-t-il voulu que nous perdions notre maison et que nous n’ayons plus rien » ? « J’ai vraiment cherché la réponse au fond de mon cœur, nouus dit Léona, pour pas que mon enfant doute de Dieu et j’ai pensé à l’avenir qui serait meilleur de ce que nous étions entrain de vivre en étant complétement à la rue avec notre enfant de 8 ans : « Dieu ne veut pas notre malheur, mais comme cela, nous comprenons qu’il y a des personnes qui n’ont pas de quoi manger sur cette terre et nous serons toujours avec elles. Ton cœur s’élargit à des situations que tu ignorais ma fille, tu aimeras davantage ».
« Va vers tes frères » Au creuset de l’épreuve, la communion est souvent de mise et l’ouverture à l’autre est étonnement au rendez-vous. Le désir reste brûlant " d'aider ceux qui ont moins et souffrent plus" nous partage Sergio.
La lumière du 1er matin perce très lentement à l’horizon et pourtant ces personnes nous apprennent à vivre avec courage l’aujourd’hui et avec une indéfectible espérance. Bientôt, « l’aube d’un jour nouveau » se profile (Uygen).
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