« Il y a un temps pour tout, un temps pour toute chose sous les cieux: un temps pour naître, et un temps pour mourir;
un temps pour planter, et un temps pour arracher ce qui a été planté… »
(Ecclesiastes 3:1 ff.)
Dans notre vie quotidienne, nous sommes de plus en plus conscientes de la nécessité de faire silence pour laisser reposer tant de réalités vécues, pour passer de l'anecdote à l'essentiel. Peut-être qu'à partir de là, vous pourrez comprendre notre retard à écrire...
1. Un temps des adieux et des réajustements
Nous avons terminé l'année dernière avec une fatigue extrême due à Covid. Nous commençons celle-ci avec une force renouvelée, en acceptant les adieux dans la communauté, dans la paroisse, dans le projet... et l'arrivée de personnes qui renouvellent notre tâche.
Un temps de préparation, de remodelage, de répétition, un temps de "mise au point" sur comment et à partir d'où nous voulons être, sur ce que nous pouvons apporter en ce temps de transition ; un temps pour accueillir ce qui est différent et continuer à faire vivre la beauté évangélique du projet que nous avons découvert avec Antoine, le curé précédent.
2. Un temps de déménagement
En mars de cette année, le diocèse de Rabat nous a offert une maison pour y vivre et développer le projet des femmes. Il s'agit d'une villa à deux étages qu'une femme française vivant à Oujda a donnée en héritage à l'église de Rabat.
DAR KUM est le nom que nous avons donné au refuge. DAR en dariya signifie maison ; KUM fait référence au texte évangélique Talita Kum (fille, lève-toi), et en dariya le même mot signifie 'la tienne'. Votre maison, la maison où on se tient debout. Espérons que notre ouverture de portes ne sera que cela : un lieu d'accueil pour les femmes et les enfants dans différentes activités ; un lieu de sécurité, où chaque personne peut être elle-même, où elle peut grandir, un lieu d'opportunité...
Un temps pour s'ouvrir à l'accueil et à la nouveauté, un temps pour s'élargir et pour partager la vie.
3. Un temps pour rêver et projeter
Et avec la nouvelle maison viennent de nouveaux projets et de nouveaux rêves qui nous réchauffent le cœur et nous mobilisent. Parfois, ils arrivent tous en même temps et il est difficile de savoir comment établir des priorités et mesurer ses forces.
Avec un grand enthousiasme, Dar Kum (le refuge pour femmes en difficulté) est déjà opérationnel.
Et nous continuons à accompagner les adolescents et les jeunes qui sont accueillis dans l'Église d'Oujda, ceux qui souhaitent apprendre et se former.
Un temps pour s'installer, pour laisser émerger, pour mûrir, et pour faire confiance.
4. Un temps pour savoir que nous ne savons rien
La réalité de la migration, de temps à autre et dans des événements concrets, nous rappelle que nous marchons sur un terrain sombre, inconnu, incertain. Nous ressentons des injustices et des douleurs qui vont au-delà de ce qui nous est exprimé. Au cours de cette période, nous avons pris conscience que le trafic d'enfants, la contrebande, les mafias et l'extorsion accompagnent la réalité des personnes avec lesquelles nous vivons.
Apprendre à marcher à partir de l'incertitude, de l'ignorance. Des appels au silence, un temps pour regarder au-delà de la première chose que l'on voit ou que l'on ressent, pour ne pas juger, pour accompagner à partir du non-savoir. À être.
5. Temps de l'ouverture des frontières:
Combien nous apprécions ce qui semblait évident auparavant et qui nous a été enlevé par une pandémie ! Avec l'ouverture de la frontière, nous vivons enfin ce dont nous n'avions pas encore pu profiter à Oujda : que des amis et des compagnons puissent venir nous rendre visite. Enfin, María Teresa Alcón rscj et M Carmen Muñoz rjm ont pu venir visiter Oujda (les deux religieuses désignées par les deux congrégations pour accompagner le projet).
Les deux congrégations ont relancé leurs programmes de volontariat et nous avons commencé notre propre projet, désireuses de partager la vie et la mission avec d'autres.
Un temps d'être proche dans la distance, le temps d'ouvrir notre maison la vôtre aux sœurs, le temps d'élargir la tente, le temps de l`espérance.
A la veille de la Fête du Sacré-Cœur, une grande fête pour les rscj et aussi une fête importante pour les rjm, nous continuons à prier qu'Il nous fasse part de ses sentiments. Qu'Il nous montre comment savoir dire au revoir, comment accueillir, comment rester, comment rêver, comment nous installer, comment entretenir nos rêves, comment marcher au milieu des incertitudes. Et tout cela à Sa façon.
Avec toute notre affection,
Montse Prats rscj et Rosa Ros rjm
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Article original de : https://www.rscj.es/oujda-marruecos/. Traduit et republié avec la permission de l'auteur.